Superorganism

Superorganism au Belmont | Le psychédélisme à l’heure d’internet

Avant de commencer la critique, prenons le temps de réaliser que les premières chansons du collectif Superorganism ne sont sorties que cet été. À peine quelques mois plus tard, le groupe, maintenant établi dans un studio à Londres, était de passage au Belmont pour présenter les pièces de son premier album homonyme. C’était donc bien étonnant de pouvoir être témoin d’une machine aussi bien huilée pour ce premier spectacle en sol québécois.

Il faut comprendre que le collectif mise autant sur la performance et la mise en scène que la musique. C’est pourquoi la petite scène était remplie de grands panneaux blancs verticaux, sur lesquels étaient projetées toutes sortes d’images et de références à l’Internet durant le spectacle. À l’avant-scène se trouvaient la jeune chanteuse Orono Noguchi ainsi que trois choristes et danseurs. Un batteur se trouvait sur le côté alors que deux autres multi-instrumentistes se cachaient un peu plus loin. Chaque membre du groupe est arrivé accoutré d’un imperméable coloré et d’une bonne dose de maquillage brillant au visage.

Après avoir fait résonner de petites clochettes durant une bonne minute, c’est avec la pièce It’s All Good que le collectif a commencé sa performance. Pour cette chanson, les trois souriants choristes s’amusaient avec des tambourines décorés de franges multicolores.  De son côté, Orono semblait un peu statique sous ses lunettes 3D. Heureusement, elle a paru prendre de l’assurance à mesure que le spectacle avançait. «On se nourrit de l’énergie du public», confie le choriste Soul après le spectacle, entre deux autographes.

Heureusement pour lui, la foule semblait déjà conquise avant les premières notes. Dès la deuxième pièce, Orono commande à la foule de mettre les mains en l’air et de faire bouger son corps au complet: il n’en fallait pas plus pour que le public passe d’un paquet de sardines bien cordées à un lit d’algues agitées. Question de rester dans le thème des fruits de mers, il s’éclatera ensuite sur l’hymne aux crevettes qu’est The Prawn Song.

La boule d’énergie continue de prendre de l’ampleur, alors que la jeune chanteuse japonaise abandonne peu à peu l’attitude décontractée et relax qu’elle infuse aux pièces dans leur version studio. Une fois rendue à Everybody Wants to Be Famous, elle exclame, plus qu’elle ne récite, ses paroles. Avant le spectacle, Soul avait évoqué l’ambiance punk qui s’empare du groupe lorsqu’il joue dans de plus petites salles. Certes, il n’y avait pas de power chords bien gras ou de brûlots joués à des vitesses élevées durant le spectacle, mais on sentait que l’attitude de la chanteuse était beaucoup plus énergique et féroce une fois qu’elle s’est départie de ses lunettes 3D.

C’est sans surprise que le groupe a gardé Something For Your M.I.N.D. pour clore le spectacle, après un petit tour formel au loges. La chanson qui a lancé leur carrière quelques mois plus tôt contient tout ce qui fait de Superorganism un groupe à surveiller. Psychédélique, peu orthodoxe et vaguement irrévérencieux, le morceau a permis une dernière fois d’infuser de l’énergie positive à la foule, qui copiait les mouvements de danse des trois charismatiques choristes.

Au final, Superorganism voulait vendre une expérience plus qu’un spectacle de musique. C’est un peu cliché comme concept, mais cette fois-ci, force est d’admettre que le groupe a su tenir son bout. Généreux et rayonnant de bonne humeur, les sept membres présents auront réussi à faire passer une bonne, si un peu courte, demi-heure au public montréalais.

Helena Deland

Avec un son plus organique et conventionel, la Montréalaise Helena Deland était un drôle de choix pour précéder Superorganism. Avec son indie pop aux accents folk, elle a pris un peu de temps avant de prendre son aise sur scène. C’était d’ailleurs assez difficile pour elle de pouvoir s’y déplacer, puisqu’elle devait composer avec la batterie et les panneaux verticaux du prochain groupe. Elle a malgré tout réussi à faire entrer une autre batterie ainsi qu’une bassiste et un guitariste additionel sur scène. C’était d’ailleurs une première pour elle lors de cette tournée, elle qui avait accompagné Superorganism en solo lors des dernières semaines.

Il aura donc fallu attendre la troisième chanson avant que la foule ne cesse vraiment de parler autour de sa bière et ne s’approche pour voir ce qui se tramait sur scène. Une fois la connexion établie, Helena Deland ne l’a plus jamais perdue, s’étonnant d’ailleurs du calme et du respect que lui offrait le public. Avec sa guitare tenue bien haute, elle a su bien rendre sur scène les chansons rêveuses et planantes de ses deux premiers EP. Son dernier, From the Series of Songs « Altogether Unaccompanied » Vol. I & II, est d’ailleurs paru plus tôt ce mois-ci. Une fois son engagement terminé avec Superorganism, la jeune auteure-compositrice-interprète aura la chance de défendre ses pièces pour quelques dates au Royaume-Uni.

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