Anne Bonny

SXSW 2015 – Jour 2 | Spoon, Of Montreal, Badbadnotgood avec Ghostface Killah… et McDonald’s!

Notre aventure à SXSW se poursuivait, jeudi, avec un menu pour le moins chargé : conférence, showcases, grand spectacle extérieur, feux d’artifices et punk avant-garde au menu.

La journée commençait ironiquement avec un panel sur les brands, le placement de produit et la place des commandites dans l’économie moderne de la musique. Parmi les 5 intervenants, on y trouvait notamment deux frères natifs du Texas mais devenus montréalais : Will et Win Butler (d’Arcade Fire). 

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Ronald McDonald , Photo par Marc-André Mongrain

« Je considère ça de plus en plus difficile de vraiment découvrir de la musique à SXSW, soulignait Will, avec son petit air critique. C’est de plus en plus à propos de l’image et de moins en moins à propos du « craft » d’être artiste. » 

Ironiquement, après cette fascinante discussion – qui soulignait l’inévitable mariage forcé entre les deux – notre chemin nous a mené à un espace McDonald’s où l’on pouvait se gaver de malbouffe gratuite et regarder des bands jouer devant personne, dans un environnement hipstérisé au possible. Même Ronald a refait sa garde-robe pour séduire les jeunes mélomanes et inciter aux selfies. 

Mine de rien, on y retrouvait certains bons bands, dont Oh Verona, et Yukon Blonde, qui donnaient tout ce qu’ils avaient malgré l’apathie généralisée.

Clairement, ce n’est pas là que ça se passe, alors notre périple s’est poursuivi au Hype Hotel, dans une vieille grange abandonnée. 

On pouvait y voir Viet Cong, notamment, un groupe que Will aurait sans doute bien aimé, parce qu’en terme de « craft », ils font les choses dans l’ordre : d’abord devenir bon sur scène, ensuite grandir. 

Le band post-punk de Calgary en jète, même si son batteur Mike Wallace était privé d’un bras. Wallace s’est fracturé la main, quatre jours auparavant, lors d’un show, en frappant la caisse claire de la mauvaise façon. Qu’à cela ne tienne, ce n’est pas un plâtre qui va l’empêcher de frapper la cadence. Il jouait donc avec le bras droit dans le plâtre. Le gauche compensait. « Quelqu’un aurait un t-shirt de Def Leppard pour Mike? », de demander en blague le chanteur Matt Flegel. 

Très bonne prestation, quoique courte (25 minutes).

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Viêt Cong, Photo par Marc-André Mongrain

Suivait Twin Shadow et son indie-soul-pop un peu mou. Rien de très excitant. Avec son nouvel album en poche, Eclipse, George Lewis Jr. de son vrai nom n’a pas vraiment captivé la foule, malgré quelques cris stridents de la gente féminine.

De l’autre côté de la rue, au Fader Fort, le quatuor néo-jazz canadien Badbadnotgood prenait la scène d’assaut… en attendant l’arrivée de leur nouveau partenaire de jeu improbable : Ghostface Killah. Les quatre blanc-becs et le rappeur américain ont sorti un album tout feu tout flamme ensemble, récemment, et les occasions de les réunir sont rares.

Et tant qu’à réunir, non seulement Ghostface s’est pointé pour déposer son rap incendiaire sur les grooves de BBNG, mais son pote Raekwon s’est aussi joint à la partie de plaisir pour ajouter quelques classiques du Wu-Tang Clan, dont C.R.E.A.M., et même un petit clin d’oeil à Old Dirty Bastard avec Shimmy Shimmy Ya. Comment faire lever une foule en deux temps trois mouvements.

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Ghostface Killah et Badbadnotgood, Photo par Marc-André Mongrain

Il fallait ensuite traverser la ville bord en bord pour se rendre au Auditorium Shores, sur le bord du fleuve Colorado. Cette fois-ci, ce n’est pas le typique contexte SXSW avec un band qui joue dans un lieu trop petit pour sa notoriété. Cette fois, c’est l’inverse : on invitait tous et chacun, gratuitement, à prendre part à un grand concert en plein air des héros locaux, Spoon.

D’abord, Charles Bradley a réchauffé la foule avec son soul James-Brownesque et ses danses lascives. On l’adore, comme toujours. Ensuite, Britt Daniel et sa troupe ont pris la scène et ont offert tout un spectacle : 90 minutes de nouvelles et anciennes chansons, chantées et jouées avec intensité et visiblement beaucoup de plaisir.

Après un généreux rappel de 5 chansons, les feux d’artifice ont envahi le ciel d’Austin et les milliers de spectateurs réunis – près de 10 000, sans doute – sont repartis ébahis.

Brit Daniel, le chanteur de Spoon

Britt Daniel, le chanteur de Spoon

Pour notre part, la soirée ne faisait que commencer, puisqu’au Cheerup Charlie’s, on nous proposait un showcase signé Polyvinyl, étiquette fort respectable de San Francisco. Au menu : la sensation canadienne Alvvays (notre Découverte 2014), ainsi que l’impressionnant duo californien The Dodos, le punk avant-garde de Deerhoof (qui a parti un moshpit inespéré), et Of Montreal comme cerise sur le sundae. Du gros (et bon) bizarre pour conclure une soirée parfaite, jusqu’à 2h du matin.

Grosse journée vendredi également, alors que The Residents seront en spectacle, ainsi qu’une vitrine au Stubb’s avec Run The Jewels, Twin Shadow, Earl Sweatshirt, Kate Boy, VietCong, Courtney Barnett, Will Butler, Screaming Females et METZ, et un showcase canadien avec Kate Tempest, Doomsquad, The Pop Group, Will Butler (encore) et SoCalled en soirée.


* Ne manquez pas l’intervention de notre rédacteur en chef en direct d’Austin, à l’émission Sors-tu à la radio? sur les ondes de CIBL 101,5, ce vendredi soir 20h. 

* Nous remercions LOJIQ, dont le soutien financier a permis la réalisation de ce reportage.

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