Taj Express

Taj Express au Théâtre Maisonneuve | Bollywood entre tradition et choc occidental

La revue musicale de Bollywood « Taj Express », présentée pour une dernière fois ce soir au Théâtre Maisonneuve, fusionne en danse le style indien populaire et les nouvelles influences venues d’Occident, allant jusqu’au sacrilège du breakdance et de la guitare électrique rock, façon Van Halen. Il faut dire aussi que les musiques du compositeur A. R. Rhaman comptent pour beaucoup dans ce métissage d’influences est-ouest. C’est lui qui a été oscarisé pour la trame sonore du film « Slumdog Millionaire ».

Taj Express réunit une trentaine de danseurs pendant presque deux heures enlevantes. Leurs valises de tournée renferment pas moins de 2 000 costumes flamboyants et quelque 1 500 bijoux. Ce spectacle contrasté comprend des pas de deux classiques, aussi bien que des chorégraphies tout à fait contemporaines. Ainsi, une danse indienne classique évoquant Saraswati, la déesse de la musique, pourra aussi bien être suivie par un numéro dansé sur du hip-hop, sans que la rupture de ton ne nuise à l’ensemble.

Réussissant à capturer l’essence vibrante et colorée de l’univers des films indiens traditionnels, le spectacle se traduit sous la forme d’une parodie de scénario de film bollywoodien typique, avec ses intrigues amoureuses contrariées, mais qui connaissent inévitablement une fin heureuse, emportées par la danse et la musique.

L’histoire ici, souvent secondaire au profit de la danse et de la musique, se développe dans l’univers du compositeur Shankar. Celui-ci peine à écrire toutes les chansons du héros de son premier film bollywoodien, un gars de la rue qui ne l’a pas eu facile, mais qui, on pouvait s’en douter, finira par tomber éperdument amoureux d’une belle actrice.

Photo: courtoisie de la Place des Arts

La trame sonore, qui est comme un personnage en soi, est jouée sur scène par de solides musiciens maniant percussions, flûte, et guitare électrique, avec un étonnant accompagnement de tabla. Et puis, visuellement, le spectacle est une apothéose de costumes de couleurs vives, mélangeant la soie légère au cuir noir assorti de paillettes dorées. Un régal pour l’œil du spectateur, qui se laisse étourdir par un feu roulant d’éléments accrocheurs et s’éblouir du parfait synchronisme des figures dansées à plusieurs.

Taj Express est donné en anglais seulement. Le rôle du MC en ouverture sera prononcé sans que la production, et c’est regrettable, y ajoute des surtitres en français. Et pourquoi pas aussi en anglais, car l’accent des artistes indiens est tellement difficile à comprendre qu’on en perd. Même chose pour les animations parlées entre les numéros. Pas un seul mot de français n’y est prononcé, même pas au début par un petit « Bonsoir Montréal! », en tout respect de l’auditoire et de son ouverture à l’autre. Car, pourtant, ces danseurs énergivores mettent souvent le public à profit en entraînant sa participation.

Et il est plutôt navrant que la production ne remette pas à l’entrée un simple programme, en complément d’information sur cette troupe exceptionnelle venue de si loin pour nous réchauffer de leurs performances qui, vraiment, révèlent une figure moderne de la jeunesse indienne en actualisant son grand art du spectaculaire.

Photo: courtoisie de la Place des Arts

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