Festival Quartiers Danses

Une invitation au voyage signée par le Festival Quartiers Danses

Le Festival Quartiers Danses présentait hier soir un triptyque : trois pièces se rejoignaient dans le thème de l’invitation au voyage et une chose est certaine, nous avons bien été transporté dans trois univers différents lors de cette soirée. Les trois tableaux proposaient différentes réflexions sur le monde et les gens qui nous entourent, abordées de manières diverses.

Avec Fiend, le danseur et chorégraphe Tim Casson, venu de Londres au Royaume-Uni, s’est proposé de revisiter le célèbre L’après-midi d’un faune de Nijinsky et s’allie pour cela à l’artiste numérique Tom Butterworth. Alors qu’un écran au fond de la scène projette ce qu’il s’y passe, Tim Casson explore ses « moi » intérieurs grâce à différents effets numériques qui le démultiplient. On le voit alors se détacher de lui-même, interagir et se débattre parfois avec ses autres « moi » et parfois les rejoindre. Fiend nous emmène dans le monde onérique et de la recherche de soi-même avec beaucoup de poésie et nous fait rentrer dans son monde original et imaginaire. C’est non seulement un bel hommage à l’œuvre de Nijinsky mais également une belle continuité du travail que le chorégraphe russe avait entrepris durant sa vie.

Bonne fête ! de Menka Nagrani s’intéresse aux difficultés de communication entre les êtres humains que l’on peut rencontrer à notre époque. Pour retransmettre cette idée, Gabrielle Marion Rivard et Olivier Rousseau, deux acteurs québécois, nous emportent dans leur univers absurde à travers un texte de David Paquet. Cette création, qui peut paraître au premier abord un peu trop convenue, est justement si caricaturale qu’elle finit par nous toucher d’une manière ou d’une autre. La scène, décorée festivement par des ballons de toutes les couleurs et par un énorme gâteau au chocolat, contraste brutalement avec le texte dramatique et fatal. On en ressort la tête questionnée par ces propos et bien plus attentifs aux personnes qui nous entourent.

IamWeare, de Jane Mappin, une habituée du festival, est sans conteste la pièce la plus bouleversante de la soirée. Huit danseurs au passé lourd (maladies, chocs psychologiques…) déambulent à travers leur douleur et les combattent par le mouvement et la danse. C’est une manière d’entendre la voix des oubliés de la société, ceux que l’on croit bien souvent plus capables de grand-chose. Cette pièce, par la réunion de ces personnes qui sont des survivantes est tout simplement sensible et poignante. Avec eux, la danse devient un moyen de s’exprimer et d’extérioriser ses douleurs et ses émotions, peu importe qui l’on est et d’où l’on vient. La danse nous rassemble. On retiendra de cette création beaucoup de douceur et transparaît à travers les interprètes une certaine fureur qui dénote de l’envie de vivre sans pour autant en vouloir à la vie pour les embûches qu’elle a pu mettre sur leur chemin. La danse et le mouvement sont un pont pour accepter qui l’on est,  mais aussi accepter de vivre à travers la maladie. Les interprètes sont complices, s’entraident et transmettent les mouvements à leur manière, avec leurs moyens et toujours plus de générosité. L’investissement scénique est probablement, pour toutes ces raisons, plus fort ici que partout ailleurs.

Vos commentaires