Wave Soup au Medley Simple Malt | Le chapman stick : Un instrument inusité et fascinant

Jeudi soir, Wave Soup a fait le lancement de son album Tectonic, au Medley Simple Malt. La mission de ce groupe de la rive-sud de Montréal, qui existe depuis 2012, est de faire découvrir un instrument méconnu : le Chapman stick.

Tous habillés de noir, devant le rideau de velours rouge, ils ont interprété leur nouvelles pièces devant un public intime mais très enthousiaste. Après un simple «Bonsoir!« de la part du stickiste, compositeur et producteur Benoît Dubuisson, le spectacle commence. Notre cerveau prend du temps à comprendre ce qui se passe. Un mur de son s’abat sur nous, ce qui impressionne, car il n’y a que trois musiciens sur scène. On est souvent à la recherche du guitariste manquant… Mais il n’existe pas!

À la découverte d’un instrument hybride

Quelques mots à propos du Chapman stick : c’est un «2 pour 1». Il s’agit d’une variante de guitare, construite sans body. Cet instrument hybride au manche large, à moitié guitare et à moité basse (dont les deux parties sont amplifiées séparément) possède entre 8 et 12 cordes. On oublie les plectres ici, le tapping à deux mains (touch-style) est à l’honneur. La main gauche joue les basses et la droite les mélodies. Il y a un parallèle à faire avec le piano – à certains moments, Benoît Dubuisson troque la partie de guitare pour un synthétiseur, en tenant toujours la ligne de basse.

L’homme-pieuvre utilise seulement la partie basse, à certains moments, pour créer une mélodie enveloppante. D’autres fois, il se lance dans un solo de guitare rapide et impressionant. Ce qui nous sidère le plus est lorsqu’il utilise les deux en même temps, démontrant une coordination exceptionnelle. Courbé sur son instrument atypique, il semble porter le poids du monde, mais son sourire et sa passion contagieuse nous rend curieux de connaître son univers.

«Tectonic»

Benoît Dubuisson s’adresse à la foule après la troisième chanson. Empli de gratitude, il décrit sa satisfaction d’avoir mené à terme l’album Tectonic, dont les chansons ont été écrites sur sept ans. Questionné à propos des influences principales de Wave Soup, il cite notamment Miles Davis, Rush, Pink Floyd, Herbie Hancock, Jimbo, Genesis, Pat Metheny et beaucoup d’autres.

Le public peut y dénoter aussi certaines ressemblances avec Devin Townsend (dans sa période pré-S.Y.L.!). D’ailleurs, Benoît Dubuisson indique simplement que son processus de création est « de faire de son mieux». Mais d’où est provenue l’idée d’apprendre un tel instrument, si peu répandu? « J’ai rêvé de jouer du stick depuis les années 80, parce que j’ai toujours trouvé le potentiel de cet instrument vraiment incroyable. Malheureusement, la vie m’a fait attendre jusqu’à 40 ans…» On peut dire que l’attente a valu le coup!

Tout en nuances

Quelques mots sur ses musiciens. Le guitariste soliste (Marc-Gabriel Laverierre) laisse de la place au stick, tout en n’étant pas exagérément technique, ni trop effacé. Il l’accompagne efficacement avec de la distorsion sur certains morceaux. Il joue de la guitare acoustique sur quelques pièces, rendant le tout encore plus varié. Le batteur (Thierry Bergeron, en remplacement de Évelyne Lange qui est sur l’album) est loud et un peu agressif pour le style, mais très tight. On a affaire ici à des virtuoses de jazz/rock/funk qui savent bien équilibrer la technicalité et l’émotion.

Wave Soup a donc interprété 13 chansons, incluant un rappel. On a eu droit à trois invités sur quelques pièces : le batteur Jacques Leblanc, le guitariste Angelo Zarra ainsi que Yannick Parent (du groupe Mentana) aux percussions. Les chansons alternent bien les parties rythm et lead – ça aurait pu facilement tomber dans une démonstration de soliste technique et cérébrale, mais ce n’est pas le cas.

Le son est recherché : chaud, émotionnel et nuancé. Malgré un noise insistant, une variété d’effets sont utilisés au niveau du stick.

Par ailleurs, le public n’hésite pas à poser des questions directement au groupe après les chansons, leur demandant leurs influences ou le nom de la chanson qui vient de jouer… Ça semble légèrement déplacé, mais le groupe prend le tout avec le sourire et apprécie l’intérêt qui leur est porté. Bref, chaleureuse et intime soirée pour Wave Soup, et belle découverte de cet instrument hermaphrodite, qui mérite de conquérir plus de territoire!

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