Weird Al Yankovic

Weird Al Yankovic à la Place des Arts | Sans polka, sans parodies, sans saveur…

Weird Al sans costumes ? Ok. Weird Al sans projections ? D’accord. Weird Al sans stepettes ? Passe toujours. Mais Weird Al Yankovic sans parodies et sans polka ? Là c’est trop…


Il nous avait pourtant avertis, en entrevue avec le collègue Étienne Grignon : sa présente tournée ne s’intitule pas « Ridiculously Self-Indulgent, Ill-Advised Vanity Tour » pour rien. Weird Al y revisite que des chansons originales, tirées de sa quinzaine d’albums parus au cours des trente-quelques dernières années.

Reconnu (et adulé) en raison de ses parodies savoureuses, et ses medleys polka frénétiques — par exemple, Yankovic a attiré l’attention le week-end dernier en publiant The Hamilton Polka, un medley de cinq minutes distillant comiquement le célèbre Broadway de Lin-Manuel Miranda à son essence — Weird Al a plutôt envie d’interpréter des chansons un peu méconnues, qui n’ont jamais (ou très) été interprétées en tournée auparavant, pour les fans de la première heure qui connaissent son oeuvre par coeur.

Sauf que Weird Al sans parodie et sans polka, c’est comme :

  • la poutine sans fromage
  • le popcorn sans beurre
  • le hockey olympique sans LNH
  • Garfunkel sans Simon
  • Ghostbusters sans Bill Murray

Il manque décidément quelque chose… Il manque ce qu’il nous plaît.

Asssis sur un ti-banc, au milieu de quatre musiciens aussi assis sur des ti-bancs, l’ambiance est un peu pépère. Et bien que ses interventions soient plutôt sympathiques et comiques, les chansons majoritairement « rock’n’roll » (comme My Baby’s In Love With Eddie Vedder, Jackson Park Express ou encore Velvet Elvis) s’enchaînent, et l’ennui se fait sentir pendant toute la première heure, même si l’excellent blues Bob, entièrement constitué de palindromes et interprété à la manière de Subterranean Homesick Blues de Bob Dylan, est venu rehausser le tout.

C’est tout un exercice de style, cette chanson :

Sans doute conscient de l’exercice ardu auquel il soumet sa foule, Weird Al termine tout de même sur une note positive, en balançant non seulement quelques-unes de ses fameuses parodies, mais un genre de medley de relectures acoustiques de celles-ci.

On a par exemple droit à un bout de Eat It (parodie de Beat It, de Michael Jackson) mais interprétée musicalement à la manière unplugged de Layla d’Eric Clapton, ou encore Smells Like Nirvana en bossa nova, ou Amish Paradise (parodie de Gangsta’s Paradise de Coolio) en version musique lounge.

Au rappel, après une reprise (non non, pas une parodie, juste une reprise) de Honky Tonk Woman des Stones, il nous balance The Saga Begins, parodie de American Pie traitant de Star Wars. Là, la foule est en délire.

Comme quoi on peut rattraper une heure plutôt tiède avec une finale du tonnerre.

Weird Al souhaitait sans doute tester les limites de son charme en dehors de son carcan habituel. Soit. C’est louable. Mais maintenant que c’est fait, pas besoin de reproduire l’expérience…

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Emo Philips en première partie

La première partie était assurée par le vétéran humoriste Emo Philips, qui a inventé le terme « emo » une bonne vingtaine d’années avant que ça devienne un genre musical.

Pour ceux qui ne s’en rappelaient pas, Emo Philips jouait dans le film UHF avec Weird Al Yankovic, en 1989. « À l’époque, j’avais demandé à Al si on allait partir en tournée ensemble un jour. Il m’a répondu : « quand Donald Trump sera président… » », raconte-t-il en levant les bras dans les airs, comme s’il disait « qui l’eût cru! ».

Avec son personnage semi-enfantin, semi-sinistre, l’humoriste sexagénaire enfile les réflexions cabotines, l’humour noir, les cartes de souhait louches, et les observations loufoques avec un rythme qui lui est propre, mais qui met la foule dans sa petite poche.

L’humoriste américain de 62 ans a encore beaucoup à offrir, et excelle particulièrement dans les one-liners.

On vous laisse avec deux de ses meilleures blagues :

“I like to play chess with old men in the park. But where do you find 32 of them?”

« Where would we be without geography? »

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