Francouvertes

Francouvertes 2014 – Ronde 1 – Soir 3 | Matt Tomlinson, Joëlle Saint-Pierre et Michel Robichaud

Les Francouvertes se poursuivaient avec une troisième cuvée de nouveaux talents à découvrir lors des préliminaires. Cette fois, l’Ontarien Matt Tomlinson, la vibraphoniste Joëlle Saint-Pierre et le sympathique Michel Robichaud prenaient la scène.

Matt Tomlinson

Photo par Richard Mercier.

Photo par Richard Mercier.

 

Chouette histoire que celle de Matt Tomlinson.

Élevé sur une ferme en Ontario, le chanteur s’est installé à Montréal il y a 17 ans. Après avoir créé une multitude de chansons en anglais, le grand gaillard barbu se commet désormais avec une sélection de chansons dans la langue de sa province d’adoption. Sauf qu’il a peut-être fait son « Jason Bajada » un peu trop tôt dans sa carrière…

Il a gagné des points auprès du public avec de charmantes interventions entre les titres : « J’ai appris le français à cause de l’ouverture d’esprit des Montréalais. »  Charmeur, va. Plus tard, il pousse encore plus loin son aura de grand rassembleur culturel en remerciant ses amis présents, anglos comme francos, et même son unique ami italien. Remerciement dans la langue de Berlusconi, rien de moins. On a entendu quelques dizaines de soupirs féminins dans la salle…

Aussi charmant soit-il, Matt Tomlinson en était à son tout premier show à défendre son matériel francophone, et cette inexpérience était trop flagrante pour lui mériter une place en deuxième ronde. Bien entouré – on reconnaissait nul autre que Yves Desrosiers à ses côtés, à la guitare électrique et au lapsteel – il faisait preuve d’un matériel qu’on gagnera à connaître davantage avec le temps.

Pour l’instant, l’interprétation était mollasse, la voix souvent fausse et sans assurance, et l’ensemble pas assez vivant pour faire effet comme il se doit. On voudrait plus de lâcher-prise, mais la folie – celle qu’on entrevoyait durant la sympathique Funambule – ne se déployait jamais vraiment à fond.

D’autant plus qu’un parolier qui s’exprime dans une langue seconde tombe bien souvent dans les pièges des lieux communs. Des phrases comme « la vie est trop courte pour avoir des regrets » seraient à proscrire pour un auteur compositeur francophone qui a du vécu, mais on pardonne plus facilement ce genre de béquille chez un anglophone qui fait l’effort de créer en français.

Joëlle Saint-Pierre

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Photo par Richard Mercier.

Puis, ce qui devait arriver est arriver…

Joëlle Saint-Pierre a charmé le Lion d’Or dès que ses baguettes se sont posés sur son imposant xylophone vibraphone. Le silence qu’elle a imposé sans demander a tenu pendant les 30 minutes.

Les chansons de Joëlle portent sur les tourments amoureux, rien de très original à la base, mais les mots se lient avec élégance et sortent de sa bouche avec un souffle empreint d’une sensibilité impossible à ignorer. Les douces mélodies de sa voix et de son vibraphone (ou de son piano pour deux chansons) créent à elles seules de l’émotion brute. Ses musiciens – notamment Benoit Rocheleau aux cuivres, qui s’est joint au trio de musiciens après une seule répète – font preuve de toute la retenue qu’il faut afin de laisser briller la timide jeune dame.

Avec le temps – elle multiplie les shows depuis des mois et des mois déjà – Joëlle a su trouver le ton juste, l’approche parfaite pour faire entrer les gens dans sa bulle, mais pas trop. Son humour y est pour beaucoup ; elle combat visiblement le trac et sa timidité à grands coups de gags obliques, parsemés dans le spectacle.

De loin la prestation la plus convaincante à date lors de cette édition des Francouvertes…

Michel Robichaud

Photo par Richard Mercier.

Photo par Richard Mercier.

Pour conclure la soirée, Michel Robichaud et ses deux musiciens ont enchaîné.

Fin tresseur de mots, Robichaud débute en force avec un genre de rap-chanson punché, comique, plein d’esprit. Pensez à Dédé Fortin dans Belzébuth, Martin Léon dans Le Shack à Chuck ou encore Richard Desjardins dans Kooloo Kooloo.

Après une brillante introduction, le trio est tombé dans un milieu de set constitué de chansons, disons, plus conventionnelles. Conventionnelle dans la forme, mais côté contenu, c’est plutôt dans le maladroit (une chanson sur les Patates, vraiment ?)

Dans ce registre, le trio tombe plus à plat. Il s’en dégage un genre de feeling UQAM en spectacle. Voyez le genre…

Comme pour nous rappeler tout son potentiel, le jeune homme conclut le tout avec une autre chanson à la limite du spoken word, une fois de plus très réussie. Visiblement, c’est sous cette mouture que le trio (et surtout son chanteur) brille.

 

Le verdict

Après trois soirs de préliminaires, les 9 précieuses premières positions sont maintenant comblées. C’est donc dire que certains artistes quitteront le navire dès la semaine prochaine…

Sans surprise, Joëlle Saint-Pierre s’empare du premier rang, devant Philippe Brach et Gab Paquet, qui demeurent tout de même dans le top 3.

Michel Robichaud prend quant à lui le 5e rang, tout juste devant Matt Tomlinson. Les chances d’atteindre la demi-finale sont d’emblée plutôt minces.

Selon toute évidence, les carottes sont cuites pour Jérôme Charette-Pépin, Joanie Michaud et Nini Marcelle qui occupent respectivement les 7e, 8e et 9e rang.

Classement provisoire (après 3 soirs sur 7)
1. Joëlle Saint-Pierre
2. Philippe Brach
3. Gab Paquet
4. Maison Brume
5. Michel Robichaud
6. Matt Tomlinson
7. Jérôme Charette-Pépin
8. Joanie Michaud
9. Nini Marcelle

 

Photos en vrac
par Richard Mercier

Matt Tomlinson

Photo par Richard Mercier
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