Sophie Cadieux

Nouvel Espace Go en février 2018 | Une saison écourtée mais qui promet

Le Théâtre Espace Go vient d’annoncer sa prochaine saison qui sera écourtée à trois spectacles, en raison d’importants travaux. Une 39e saison donc pour ce lieu de création atypique qui a succédé au Théâtre Expérimental des Femmes fondé en 1979, et qui continue de promouvoir principalement la parole et la pratique de femmes artistes.

Ginette Noiseux, directrice générale et artistique de la compagnie depuis des lustres, déclare dans le programme : « J’ai toujours vu Espace Go comme un outil majeur au service de l’évolution des pratiques théâtrales singulières et de la transmission des connaissances acquises dans le processus de création. J’aime voir Go comme un espace de dépassement personnel, tant pour les artistes que pour les spectateurs ».

À la fois producteur et diffuseur, Espace Go s’est ouvert à tous les créateurs dès 1990, ce qui a permis d’entendre ici pour la première fois la voix d’auteurs contemporains aussi importants que Koltès, Duriff et Minyana, en les mêlant aux grands que resteront toujours Claudel, Racine, Genet, Cocteau et Beckett. Mais le conseil d’administration d’Espace Go reste encore aujourd’hui composé d’une majorité de femmes.

La réalisation des travaux de rénovation et d’agrandissement fera en sorte que la saison sera écourtée à trois pièces, avec une réouverture en février 2018. Ainsi, non seulement le hall d’entrée aura été complètement redessiné pour une meilleure circulation du public, et les 320 fauteuils remis à neuf, mais le théâtre se verra doté d’un laboratoire technologique dédié à la recherche multimédia suivant l’évolution des pratiques scéniques d’avant-garde les plus pointues.

Et l’ajout de nouveaux espaces (bureaux et salles de répétition) à l’arrière du théâtre donnant sur la rue Clark, permettra également à la réputée compagnie UBU d’y établir son lieu permanent, après des années d’errance malgré ses nombreux succès à l’international.

Go 17-18 Les Marguerite(s)C’est d’ailleurs UBU, en association avec Go, qui signera le spectacle de réouverture avec Les Marguerite(s), sur un texte de Stéphanie Jasmin. Aboutissement d’une vaste recherche sur les traces de Marguerite Porote, philosophe humaniste du XIVe siècle condamnée à mort par l’Inquisition pour avoir défié dans son unique livre le monopole du clergé masculin et exprimé librement sa pensée, le texte paraît d’une densité alléchante.

La pièce sera mise en scène conjointement par Denis Marleau et Stéphanie Jasmin qui nous ont donné ensemble des merveilles dans le passé. La grande prêtresse de la danse Louise Lecavalier sera de la distribution, incarnant en mouvements le silence qu’avait opposé la philosophe à ses juges lors de son retentissant procès.

D’autres Marguerite historiques, comme Marguerite II de Flandre, Marguerite de Navarre ou même Marguerite Duras, seront interprétées en alternance au moyen du personnage vidéo par Céline Bonnier et Évelyne Rompré, tandis que Sopĥie Desmarais incarnera une jeune Marguerite d’aujourd’hui.

Go 17-18 SvadbaSvadba, un mot serbe qui signifie mariage, suivra en mars 2018 dans une production de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal pour six soirs seulement. Écrit pour six voix de femmes, cet opéra de chambre a cappella d’Ana Sokolovic, mis en scène par Martine Beaulne, vient dénoncer avec force les mariages arrangés qui ont brisé bien des vies de femmes privées de leurs droits les plus intimes.

 

Go 17-18 La vie utileEnfin, la saison se terminera par La vie utile, fruit d’un long processus au cours des trois dernières années de résidence d’artiste d’Évelyne de la Chenelière, avec ce chantier d’écriture commencé sur le mur du café-bar d’Espace Go.

Il s’agira d’une coproduction avec le Festival TransAmériques en collaboration avec Infrarouge, la compagnie de Marie Brassard qui en signera la mise en scène. Ce conte métaphysique dont le point de départ est une chute à cheval, avec une « cavalière qui tombe sans fin » évoluera dans un univers onirique où joueront six comédiens incluant l’auteure ainsi que Sophie Cadieux et Christine Beaulieu.

Ginette Noiseux, qui aura 60 ans en janvier prochain, poursuivant son long directorat artistique en plus d’une brillante carrière de costumière, a aussi annoncé que la compagnie Porte Parole, dirigée par Annabel Soutar qui est une pionnière du théâtre documentaire au Québec, sera titulaire d’une résidence à Go, en remplacement de la compagnie PÀP qui y a cohabité pendant plus de 20 ans avec des créations majeures.

Ainsi, rendez-vous est donné le 20 février 2018, date de la grande réouverture officielle du Théâtre Espace Go.


 

* Photos de l’Agence Cossette.

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