Festival Petite-Vallée

Festival Petite-Vallée 2018 | Entrevue avec Louis-Jean Cormier et Marie-Pierre Arthur : Enfants du village

Le 28 juin prochain commencera le 36e Festival en chanson de Petite-Vallée, une édition sans la Maison Lebreux ni le Théâtre de la Vieille Forge. Ces endroits sinistrés à quelques mois d’intervalle, les artistes-passeurs Marie-Pierre Arthur et Louis-Jean-Cormier les connaissaient comme leur propre demeure.

« La Maison Lebreux, c’était la maison de mon arrière-grand-père. C’était le berceau du festival, explique Louis-Jean Cormier. J’y ai déjeuné avec Gilles Vigneault, dîné avec Jim Corcoran. Quand tu es jeune, c’est priceless, on va se le dire ! Petite-Vallée, c’est vraiment le plus beau cadeau que la vie pouvait m’offrir. Avoir des cousins crinqués qui organisent un festival m’a permis de rencontrer mes idoles de jeunesse, qui deviendraient mes amis et mes collègues de travail. Douze hommes rapaillés, la plupart des gars sur ce projet, je les ai connus à Petite Vallée. »

Marie-Pierre Arthur, elle, a grandi à Grande-Vallée, tout juste à côté du village du festival. « Louis-Jean et moi, on s’y est souvent vu enfant, nous raconte-t-elle. Adolescents, on s’est mis à chanter ensemble. À Petite-Vallée, c’est tout le répertoire francophone auquel j’ai été exposé. J’ai entendu autant du Brel que de la chanson québécoise. Ç’a été ma formation. »

 

Enfants du village

En cette année tumultueuse, les deux artistes croient en l’importance que le festival soit représenté par des gens du coin. « On se fait appeler les enfants du village! », s’exclame le musicien natif de Sept-Îles.

« Louis-Jean, c’est le cousin d’Alan [Côté], le grand manitou du festival, précise Marie-Pierre Arthur. Moi, je suis la fille de deux des organisateurs. On est vraiment des enfants du festival, on l’a vu sous toutes ses formes. »

Les deux auteurs-compositeurs-interprètes le verront pour une première fois sous un chapiteau, à l’emplacement même où se trouvait le Théâtre de la Vieille Forge avant l’incendie de l’été dernier. Face à ses changements, Louis-Jean agit comme une bonne oreille, un confident et même un conseiller pour Alan Côté qui lui téléphone chaque jour. « Le premier conseil que je lui ai donné c’est de prendre son temps. Bien faire les choses, ça va tougher longtemps. Petite-Vallée, c’est une pointe qui s’avance sur la mer et il faut mettre un théâtre là-dessus. Il faut faire des études géologiques. Au niveau architectural, il y a de super idées. »

Petite-Vallée, c’est vraiment le plus beau cadeau que la vie pouvait m’offrir.

En plus de soutenir leurs proches, Marie-Pierre Arthur et Louis-Jean Cormier sont les parrains de cette édition, un rôle que le festival appelle « artiste-passeur ». « Un artiste-passeur, ça passe la puck !», dit-il. « C’est quelqu’un qui est disponible pour les autres. Pour écouter, donner, faire circuler la musique et les mots et faire de belles rencontres », ajoute Marie-Pierre Arthur. Sans offrir de leçons sur la composition ou l’écriture aux participants, ils seront présents pour eux toute la semaine. « J’aime l’idée de préparer des êtres humains passionnés de musique à se lancer tête première dans ce métier-là », renchérit l’ex-coach de La Voix.

Les participants et le public auront l’occasion à plus d’une reprise de voir sur scène les artistes-passeurs, entre autres durant un spectacle en duo. « Marie-Pierre et moi répétions hier. On est dans une période de retrait médiatique, de repos et de composition. Je joue du piano chez nous, ça faisait trois mois que je n’avais pas mis les doigts sur une guitare ! » Ils présenteront des versions épurées de leur propre répertoire, chantées à un seul micro. « On retourne à la base, dit-elle. C’est un peu comme on s’est rencontré. Entourés de guitares et de voix. Ça nous ressemble profondément. À Petite-Vallée, en plus. »

Ils montent également Une fois six, un spectacle de plus grande envergure. Avec Ariane Moffatt, Olivier Langevin, Fred Fortin et Salomé Leclerc, ils formeront un « All-star band ». Ils interchangeront d’instruments en plus d’interpréter les chansons de chacun ainsi que des reprises.

« Il y a aussi des shows qui sont faits en notre honneur, ajoute Marie-Pierre Arthur. Je suis bien curieuse. J’ai toujours été du côté de ceux qui rendent hommage. Presque chaque année, j’étais là pour ça. » Comme le veut la tradition, le festival ouvrira avec la prestation de la Petite École. Une chorale de 300 enfants gaspésiens chantera Droit devant et Tout le monde en même temps. « J’ai hâte. Chaque année, c’était émouvant de les entendre », se remémore-t-elle.

L’émotion sera assurément au rendez-vous pour cette édition marquée par une grande vague de solidarité de la part des artistes et du public, au Québec et dans toute la francophonie. Spectacles de financement pour la reconstruction du théâtre, dons et messages de soutien. « On reste tout le temps ébahi, impressionné, dit Louis-Jean Cormier. Nous, on a un amour inconditionnel pour le festival. On se rend compte qu’on n’est pas les seuls. »

Petite-Vallée et ses 140 habitants seront loin d’être seuls du 28 juin au 7 juillet, entourés de ses 20 000 festivaliers, plus fervents que jamais.

Crédit photo entête: Jean-Charles Labarre


* Cet article a été produit en collaboration avec le Festival en chanson de Petite-Vallée.

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