Marie-Pierre Arthur

FME 2012 – Jour 3: Marie-Pierre Arthur et Julien Sagot

Le délicieux contraste entre Sagot et Marie-Pierre Arthur

Samedi 1er septembre 2012 – Scène Paramount (Rouyn-Noranda, FME)

Fascinant contraste que nous ont offert Julien Sagot et Marie-Pierre Arthur dans la salle de l’ancien cinéma Paramount, samedi soir. Le tortueux Sagot un peu trop dans les vapes et la lumineuse Marie-Pierre Arthur se succédaient sur scène, démontrant du coup deux approches bien différentes en matière de spectacles « pop », tout en partageant une touche plus alternative que simplement pop.

Julien Sagot au FME. Photo par Valérie Patry

Julien Sagot passait en premier. Ses musiciens, qui fixaient le plancher, préparaient des textures sonores déroutantes, à cheval entre le noise et la pop. Assis sur une chaise devant deux micros à effets différents, guitare acoustique à la main, il lance de sa voix gravissime Le Trucifier, qui se développe comme un conte cauchemardesque, finale frénétique incluse.

Le lancement de son premier album date de l’hiver et plusieurs spectacles ont eu lieu depuis. Mais visiblement, Julien Sagot n’a toujours pas absorbé les codes de bienséance d’un frontman: comment se positionner sur scène, sourire au public, garder le contact visuel, maintenir le momentum…  Au lieu de cela, il se lève, fait dos au public, se rassoit, fixe le moniteur pendant les moments instrumentaux.

Cette indocilité parfois maladroite, qui tranche avec l’habituelle courtoisie des artistes pop québécois, résulte sans doute d’un choix volontaire.

À cet égard, il rappelle un peu Leloup, dans ses années plus farouches: imprévisible, sauvage, savamment décoiffé. On le devine toutefois un peu plus déphasé qu’à l’habitude, à Rouyn… Un peu perdu, voire même désorienté par moments. Sur scène, la musique le transporte, mais sa transe ne se transmet pas. Du moins, au milieu du spectacle.

Finalement, la bande termine avec trois chansons tout feu tout flamme, dont Piano Mal en finale, d’une intensité que seuls les artistes malfamés réussissent à atteindre.

Le meilleur et le pire d’un artiste insoumis, en 45 minutes de musique imprévisible. Si seulement Sagot arrivait à canaliser ses forces, on aurait droit à un spectacle du tonnerre. Ça viendra sans doute.

 

Marie-Pierre Arthur

Marie-Pierre Arthur, elle, était tout le contraire. Lumineuse, rayonnante, voire presque exubérante.

Marie-Pierre Arthur au FME. Photo par Valérie Patry.

Et constante. L’intensité à fond la caisse pendant une heure et demie, dans un spectacle feel good qui attrape la foule par le chignon dès le départ et ne perd jamais son intérêt.

Entourée de cinq musiciens (tous de très bons chanteurs par ailleurs), Marie-Pierre Arthur est aux anges et transmet cette grande joie avec un entregent difficile à ignorer. Ses chansons pop gentilles grouillent de vitalité grâce aux arrangements de ses musiciens et son chant, bien maîtrisé.

Si Marie-Pierre Arthur a longtemps été une musicienne accompagnatrice, sa transition de « gigueuse » à artiste établie est terminée. Son charisme et sa camaraderie avec les musiciens en font un vrai bon show de festival, qui aurait mieux convenu à une scène extérieure avec une foule encore plus garnie (l’ancien cinéma Paramount affichait complet).

Étrangement, l’idéal aurait été d’échanger les contextes de Feist (vendredi soir) et de Marie-Pierre Arthur.  Le concert de Feist méritait plus d’intimité pour être bien apprécié, alors que celui de Marie-Pierre Arthur débordait de la petite salle.

Elle est rendue là, Marie-Pierre Arthur.

 

 

  

 

 

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