Maxim Vengerov

Le maître Vengerov aux côtés de l’OSM

Quelle belle soirée mardi soir à la Maison Symphonique alors que l’OSM recevait un invité de marque, à savoir le grand violoniste Maxim Vengerov pour un concert qui sera doublé ce soir dans la célèbre salle du Carnegie Hall à New York. Le programme se composait d’une pièce de Samy Moussa, A Globe Itself Infolding, du Concerto pour orchestre SZ. 116 de Bartok et du grand Concerto pour violon op.77 de Brahms.

On avait rarement entendu l’OSM aussi appliqué ces derniers temps, il semble que la pression du voyage à New York aujourd’hui ait porté ses fruits sur les instrumentistes et leur chef d’orchestre. Il faut souligner que l’OSM n’a plus vraiment le droit à l’erreur après plusieurs ratages l’année passée qui ont marqué les esprits comme lors de la finale du CMIM ou de la série Haydn en janvier.

Le concert s’est donc ouvert sur la pièce de Samy Moussa, compositeur montréalais, dont l’OSM est habitué à jouer le répertoire. Ce n’est en effet pas la première fois qu’ils donnent A Globe Itself Infolding, une pièce qui travaille sur le tissage orchestral et dont l’interprétation hier soir travaillait sur la constance des lignes et les textures linéaires. Le tapis harmonique est ponctué par des éclats qui viennent apporter des instants lumineux tandis que l’orgue, dont Jean-Willy Kunz tenait la partie, est plutôt traité comme un instrument-support de l’orchestre.

Suivit ensuite le Concerto pour orchestre de Bartok, une pièce où, comme son nom l’indique, chaque instrument ou chaque section se retrouve soliste à un moment donné. C’est donc une œuvre exigeante dont il faut faire de la précision le mot d’ordre principal. La pièce a de toute évidence été fortement travaillée par l’orchestre et l’on reconnaît ici l’aisance de Nagano dans le répertoire plus moderne. Quelques faiblesses sont survenues, dans le début du dernier mouvement par exemple qui a manqué de direction, et l’on continue de s’interroger sur le choix de la disposition de l’orchestre, à savoir, encercler les violoncelles par les deux sections de violons et le pupitre d’alto. Il manque parfois la base harmonique et le son des altistes a tendance à partir vers l’arrière de la salle marquant une faille dans la projection au public. C’est un Bartok solide que l’OSM nous a présenté hier, à quelques endroits un peu trop sage, mais dans l’ensemble plutôt convaincant.

Mais le grand moment de la soirée fut sans conteste le Concerto pour violon de Brahms, dont le soliste reste l’un des plus grands violonistes au monde. Sa conception de l’œuvre est d’une intense réflexion, aucune note n’est laissée au hasard, chacune d’entre elles est jouée avec une extrême concentration et précision. Vengerov partage le son enflammé de son violon avec beaucoup d’humilité. La ligne mélodique commence à la première note pour s’arrêter seulement sur la dernière et il est impossible de décrocher de son jeu tant le discours est passionnant. Il y a du caractère, certes, mais toujours mis au service de la musique. On y retrouve la passion de Brahms mais toujours contaminée par l’obscurité torturée des harmonies. Les couleurs qui sortent des doigts du violoniste russe ont réussi à nous donner des frissons tandis que la cadence du premier mouvement, qu’il a écrit lui-même, apporta un éclairage différent à la pièce. De temps à autre, les rythmes sont précipités mais il n’en reste que les partis pris rythmiques sont pensés dans la globalité de l’interprétation soumise.

L’accompagnement de l’OSM en revanche, ne fut pas à la hauteur de ce merveilleux soliste. Le début, dans un tempo trop lent, servit seulement à démontrer que Nagano n’avait pas intégré les tempi de Vengerov et ce tâtonnement de pulsation se poursuivit durant toute l’exécution de la pièce. L’orchestre, flottant dans une interprétation approximative, ne put apporter le soutien nécessaire à la partie de soliste. La preuve en est donc encore une fois que maestro Nagano semble se désinvestir de toutes les pièces composées avant le 20ème siècle.

En bis, la Méditation de Thaïs, de Jules Massenet, acheva le concert d’une manière inspirante et nous réconforta d’une note plus douce après le bouleversant et grandiose Brahms. Une belle leçon de musique et d’humanité.

 

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